Stage  » émaux haute température ».

Régulièrement, je reçois des stagiaires pour une semaine d’initiation aux émaux haute température. Il viennent des quatre coins de France et parfois de l’étranger. Jusque-là, l’ambiance a toujours été détendue, amicale et studieuse. Après que chacun s’est présenté avec ses expériences et ses attentes, je résume les principaux objectifs du stage: fabriquer ses propres émaux avec des matériaux simples et peu nombreux.



D’abord, comprendre ce qu’est un émail. Il s’agit toujours de composer un silicate et donc de réussir à faire fondre la silice grâce au phénomène de l’eutectique… Sur la table, les minéraux de base nécessaires pour fabriquer ses premiers émaux: feldspath, silice, chaux, kaolin, talc, oxyde de fer, auxquels on peut ajouter cendres et roches de cueillette. Avec tout cela, on peut déjà faire pas mal de choses et travailler quelques années. Encore faut-il savoir les associer. Je précise la place de chacun sur le tableau tripartite: oxydes basiques – amphotères – oxydes acides.



Premier exercice pratique: quelques recettes simples à partir de cendre, feldspath et silice (certaines donneront des résultats très intéressants, une preuve que la simplicité paie…). On tamise, on secoue, on pèse, on mélange… On poursuit en utilisant la roche d’une carrière locale (on s’y rend si la météo le permet).


Dans l’étape suivante, on acquiert une méthode dans laquelle les calculs sont simples: faire varier trois éléments, dans le cadre d’un triangle. 


triangle wollastonite

Une série d’essais où nous avons fait varier wollastonite, feldspath et ocre. Dans d’autres cas on peut utiliser une cendre, une roche de carrière…


Mercredi en fin de journée, c’est l’enfournement et l’allumage du four. La cuisson se termine le jeudi vers 14 heures. Le jeudi après-midi est généralement libre. Parfois, on sort ensemble s’oxygéner, visiter le vieux Puy en Velay…



Les derniers jours sont généralement consacrés au calcul moléculaire. Un premier temps d’explication, un second pour des premiers calculs et un troisième pour des essais à partir d’un diagramme choisi dans le livre de Daniel de Montmollin, auquel nous nous référons sans cesse.

Le vendredi après-midi ou le samedi matin, vient le moment tant attendu: l’ouverture four! Suivent, les séances photo et l’analyse des résultats. Nous produisons parfois plus de 150 essais. Parmi eux, chacun trouvera déjà de quoi émailler des pièces et j’espère que ce sera le début pour tous d’un travail fécond de recherche.


Une forêt d’essais…


La semaine est l’occasion de discussions autour de l’émail et de bien d’autres sujets, que ce soit pendant le travail ou pendant les pauses. Je remercie Monique, hôtesse et cuisinière qui participe largement à la bonne ambiance de la semaine.  Souvent ces liens de travail et d’amitié se poursuivent au delà de la semaine de stage…


Un moment de pause


J’anime donc, à la demande, des stages pour s’initier à la fabrication d’émaux haute température. L’objectif du stage émail est de produire des émaux personnels, bon marché, avec un nombre très limité de matériaux (roches et cendres) et en même temps de s’initier à des méthodes efficaces de recherche avec lesquelles on pourra progresser.

Pour répondre aux souhaits de certain(es), j’anime aussi des stages « mixtes » qui allient tournage et initiation à la fabrication d’émaux hautes températures: tournage le matin et émail l’après-midi.

Si vous êtes intéressés, n’hésitez pas à me contacter (06 73 05 43 73).



Pour le début de l’année 2023, je propose une semaine de stage:

. du 9 au 13 janvier 2023: stage émail

. du 13 au 17 février: stage mixte (tournage et émail)

. du 16 au 20 mai: stage émail

. du 14 au 18 août (à définir)

. du 21 au 25 août (à définir)

N’hésitez pas à me joindre par mail ou par téléphone pour des renseignements supplémentaires.

( hubert.rouchouze@wanadoo.fr   06 73 05 43 73)

Les demandes détermineront l’orientation du stage: émaillage (425€) ou tournage + émaillage (465€).

Pour un éventuel hébergement, veuillez me contacter.

Si vous êtes un groupe de 3 minimum, vous pouvez toujours me proposer une autre date qui vous conviendrait.

Voir les conditions sur mon site: http://www.poterie-ardhuy.fr/stages.php

N’hésitez pas à me contacter par mail ou par téléphone (04 71 65 15 82).

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Une métaphore du corps humain?

Pour décrire une poterie, vient naturellement le vocabulaire que l’on utilise pour décrire une personne.


Dans ce billet, exceptionnellement, toutes les pièces présentées ne sont pas de ma fabrication. Les autres, qui m’appartiennent, sont des oeuvres de différents potiers. Pour ces dernières, sous chaque photographie, est indiqué le nom du (de la) potier(e).


le pied. Toutes les poteries n’en possèdent pas, ou alors est-il à peine esquissé. Il en existe de multiples sortes. Certains sont dégagés de la masse par le tournassage, d’autres sont ajoutés après ce dernier. J’aime parfois en tourner un à partir d’une petite boule de terre collée au cul d’un bol par exemple. Même si on ne distingue pas le rajout, l’allure est tout à fait différente de celui tournassé dans la masse. L’élégance d’une pièce a souvent à voir avec lui comme dans le bol ci-dessous de Robert Deblander. Peut-être à l’image des jambes d’une femme…

Bol de Robert Deblander, cuit au bois (1970). Le pied ,parfaitement intégré, affirme l’élégance et la simplicité de la pièce.

Bol, émail magnésien, cuisson au bois. Le pied a été tourné après le tournassage.

Bol,de Micheline Eschenbrenner, émail shino, cuisson au gaz.

Le ventre (la panse). C’est l’essentiel du contenant. Il définit le volume et le caractère de la pièce.

Théière en grès, émail à la cendre, cuisson réductrice au gaz.

l’anse, comme un bras, naît généralement sur l’épaule. Comme le pied, elle participe à l’élégance de la pièce. Il en existe une infinité de formes. Elle peut être tirée (comme celles présentées ici), tournée, extrudée (d’une filière), modelée…

Théière de Robert Deblander, 1970. Tout est beau dans cette pièce: la terre de Puisaye, nue mais magnifiée par la cuisson au bois, le volume, et l’anse qui lui apporte sa personnalité.

l’épaule est sans doute la partie la plus importante dans la réussite de la pièce. Elle doit être tendue, forte. Pendant le tournage, ou le modelage de celle-ci, l’attention du potier est maximale. Qu’elle s’amollisse ou qu’elle s’affale et c’est perdu.

Pour ce futur pichet, j’ai essayé de tendre l’épaule et le col (le cou) au maximum. C’est ce qui donnera de la force à la pièce. Les deux sont séparés par une arrête sur laquelle je pourrai appuyer l’anse.


la lèvre termine la poterie. Elle peut être épaisse, mince. Elle peut s’écarter ou rester dans l’alignement… Souvent elle est soulignée par l’émail qui prend un aspect différent, dû à la cuisson.

Bol, émail blanc magnésien sur roche. L’émail, à la cuisson,souligne la lèvre, sans que le potier ne soit intervenu.

Reste l’émail, que l’on peut comparer, suivant les cas, à une peau ou à un vêtement.

Bol de Maxime Defer, sigillée.

Bol de Daniel de Montmollin, nucléations. Une peau ou une robe?

Bol, superposition de deux émaux. A la limite de la peau et du sous-vêtement raffiné.

Théière de Suzy Atkins. Engobe, cuisson au sel, décor à l’or. Pour moi, c’est une robe…

Pichet,émail blanc magnésien, cuisson au gaz en réduction, 1300°. La panse crée le volume. L’anse,comme un bras, naît sur le passage de l‘épaule au col (cou) et s’appuie sur le bas de la panse. (Les anses me posent question. Dois-je les poser sur le col ou sur l’épaule? Ici, on est entre les deux. Etait-ce le bon choix?) C’est une seule courbe qui dessine la silhouette du pichet, du bas du ventre jusqu’à la lèvre et jusqu’au bec (la bouche). L’émail blanc, comme une peau épaisse, recouvre le tout.


Qu’est-ce qu’une poterie? Un volume, un corps… dans lequel le potier dépose son âme. A travers cette pensée japonaise, on dépasse les notions de vocabulaire et de métaphore. Au premier regard, on perçoit la forme et l’aspect extérieur. Mais fabriquer une poterie, c’est aussi une aventure intérieure. Dans toutes les civilisations, les poteries ont tutoyé l’humain et le sacré. A ce sujet, on peut revoir le film: Dans un jardin qu’on dirait éternel.